http://www.myspace.com/fatoumatadiawara
Origine du Groupe : Mali , France
Style : World Music
Sortie : 2011
Par Lara Beswick pour http://owni.fr
Quand elle évoque son projet personnel, elle parle de musique et de chant. Elle parle de jouer quand elle évoque les rôles qui lui ont été confiés. Fatoumata est considérée comme une artiste
émergente. Pourtant sa carrière scénique est déjà bien remplie.
D’abord comédienne et actrice, elle est repérée en 1996 par le grand cinéaste Cheick Oumar Sissoko qui l’engage dans le film La Genèse (prix Un certain regard à Cannes). Elle enchaîne ensuite sur
Sia : le rêve du Python (Prix spécial du jury au Fespaco) et deux ans plus tard, à Paris, elle travaille sur l’adaptation de Jean-Louis Sagot Duvauroux de la pièce Antigone.
En 2002, sa vie de femme et d’artiste prend un nouveau tournant quand elle répond à une offre pour intégrer la plus grande compagnie de théâtre de rue au monde, Royal de Luxe. Elle est engagée
sur-le-champ et devient la chanteuse de la troupe. En mai 2007, elle sera appelée à interpréter le rôle de Karaba dans la comédie musicale Kirikou et Karaba. S’ensuivent une multitude de
rencontres qui lui donneront l’opportunité de participer aux projets d’illustres artistes tels Dee Dee Bridgewater, Herbie Hancock, Hank Jones ou encore Cheik Tidiane Seick.
C’est alors qu’elle décide de travailler sur un projet musical qui sera le sien. Aujourd’hui, après de longues années de travail et de réflexion, Fatoumata nous offre un EP de musique
traditionnelle africaine teintée d’influences jazz et blues, calme mais dansant. Le tout en touchant des sujets graves avec un charme et une douceur parfois déstabilisants.
Lors de notre rencontre avec Fatoumata Diawara, nous découvrons une femme au charisme imposant qui prend le temps de s’exprimer en choisissant chaque mot.
Une artiste émergente déjà très expérimentée
“Kanou” est ton premier EP en studio, combien de temps as-tu mis pour l’enregistrer ?
Depuis 2006, je me rends régulièrement au studio pour enregistrer. Mon producteur Nick Gold a donc récupéré tout le matériel pour faire des arrangements, des mix. Comme ce sont des
enregistrements voix/guitare, il fallait ajouter quelques basses, percus, piano…
Sorties le 9 mai 2011, 5 ans donc après avoir commencé à travailler, est-ce que tes compositions te semblaient toujours d’actualité ? Quel effet ça fait de sortir cet EP que tu as mis si
longtemps à réaliser ?
J’étais très contente avec mes compos et ça fait du bien de l’avoir sorti. J’avais un peu l’habitude, ayant déjà participé à plusieurs enregistrements pour d’autres artistes dont celui de Dee Dee
Bridgewater, Oumou Sangaré ou Polirytmo. Mais c’est vrai que c’est différent quand il s’agit de son propre album.
Entre la scène et le studio, qu’est-ce que tu préfères ?
Je n’ai pas de préférence, ce sont deux énergies très différentes. La seule chose, c’est que j’ai toujours joué des rôles très sévères, très durs sur scène, toujours des rôles dramatiques,
jusqu’à Karaba dans Kirikou et Karaba. Depuis l’Afrique, j’ai toujours joué des rôles de jeunes filles violées, battues, maltraitées. Karaba est le comble de la jeune femme malheureuse, violée et
battue. Aussi, quand je chante, c’est une autre façade de moi, c’est plutôt moi en fait, je n’interprète pas un autre personnage. Là, je suis en phase avec mon âme et je m’impose. J’ai mis du
temps à sortir ce projet parce que ça prend du temps de trouver son style, son genre, sa voix et être à l’aise.
Le travail d’interprète est différent de celui d’auteur-compositeur. Est-ce plus difficile à assumer ?
Assumer de sortir un album n’est pas difficile, c’est s’imposer finalement qui l’est. Tu décides que ce que tu as écrit dans l’intimité, ce que tu as écrit seule, avec tes réflexions, tes moments
de solitude, tu le partages avec le monde. C’est ça la petite différence. C’est ça la sensation qui est inexplicable. C’est que tu t’imposes, que tu signes un contrat, que tu acceptes de
rencontrer le monde. C’est une forme de générosité qui est énorme mais il faut être forte, il faut être capable de l’assumer, d’accepter les critiques. Il ne faut pas s’attendre aux retours, il
faut donner.
L’album qui va suivre cet EP et qui sortira en septembre raconte-t-il une histoire ?
Pas vraiment une seule histoire. Ça raconte le parcours d’une jeune fille africaine, qui a décidé d’être une femme, de faire sa vie, qui a décidé d’être libre, de vivre de ses choix, de prendre
des risques, de comprendre et d’apprendre la vie telle qu’elle est, à l’état brut sans que les gens te disent ce que tu dois faire et de comprendre la vie par toi-même. Donc c’est plutôt moi et,
comme j’ai 29 ans, ça raconte mon parcours, ce chemin-là. Il reste plein de choses à découvrir encore, plein d’histoires à vivre. Cet album c’est le goût de mes expériences.
Tracklist :
01. Kanou
02. Bakonoba
03. Nayan
04. Clandestin (Live)
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